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Marque déposée, cette petite feuille de papier adhésive et amovible continue d’être plébiscitée en dépit du développement massif des outils informatiques et numériques. Les effets de surcharge informationnelle (ou « infobésité ») produits par ces derniers participent même à sa revalorisation, notamment lorsqu’il est associé à des méthodes de décomposition de l’activité – « à faire », « en cours », « fait » – qui permettent d’en optimiser le potentiel en matière d’organisation du travail.
Les Post-it permettent de réaliser un planning fluctuant et individuel en se focalisant sur nos objectifs tout en réorganisant régulièrement nos priorités. Une structure d’incitation compréhensible, claire, et stimulante se crée alors, s’adaptant aux changements de priorité qui arrivent aléatoirement à tout moment de la journée.
– Voir la totalité de nos tâches à effectuer incite à l’action.
– Voir ses efforts récompensés par la progression des tâches, matérialisées par les Post-it, est un sentiment gratifiant et émotionnel.Ils sont une source de motivation personnelle irremplaçable pour organiser paisiblement sa vie. Nous sommes au volant de notre voiture et voyons la distance parcourue dans la journée[1].
« Extension colorée de mémoire vive pour les cerveaux et les ordinateurs saturés »[2], le Post-it n’exclut toutefois pas tout effet de saturation et perd ses vertus organisationnelles et son pouvoir d’apaisement en cas d’usage abusif, comme c’est le cas dans Burnout où l’Évaluée en fait une grande consommation :
Les post-it jaunes les objectifs courants.
Les post-it roses les objectifs urgents.
Les post-it bleus les objectifs complexes.
Les post-it blancs les objectifs perso.
Les mini post-it les objectifs immédiats.
Les post-it carrés les objectifs à court terme.
Les post-it rectangulaires les objectifs à long terme[3].
D’après le témoignage de l’Évaluée, le fait de se débarrasser du Post-it une fois l’objectif atteint constitue une source systématique de jouissance sexuelle, ce qui constitue une compensation non-négligeable.
Le Post-it peut enfin s’avérer utile en l’absence de bâillon :
Blanche. Mettons-lui des Post-it dans la bouche !
Belle. Ça l’empêchera de crier cette salope[4] !
[1] Pierre Mongin, Mieux s’organiser. La stratégie du Post-it et du Kanban personnel, Paris, InterÉditions, 2013, p. 12.
[2] Marie-Anne Dujarier, Il faut réduire les affectifs ! Petit lexique de management, Paris, Mots Et Cie, 2001, p. 76.
[3] Alexandra Badea, Burnout, dans Contrôle d’identité. Mode d’emploi. Burnout, Paris, L’Arche, 2009, p. 101.
[4] Isabelle Sorente, Hard Copy, Arles, Actes Sud-Papiers, 2001, p. 35.